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Ville ou Nature : qui envahit qui ?
29 avril 2014

[EDITO] e) Un regard philosophique Question verte

[EDITO]

e) Un regard philosophique

 

Question verte à la philosophie : François Ewald


 

Réfléchir

     Aujourd'hui reverdir les villes devient une priorité pour tout le monde, les effets qui lui sont prêtés sont plus que positifs à l'Homme. L'un des buts majeurs de cette action est également la protection de l'environnement. Certains espèrent même pouvoir effacer les dégâts que l'Homme a causé sur la nature, pouvoir tout réparer et rendre à la nature ce qui est à la nature. Cela est-il réellement possible ?

 

     De très nombreux effets bénéfiques sont attribués au concept de ville nature. Entre autre, la verdure permettrai de favoriser le bien être individuel et collectif, ce permettrai à l'Homme d'échanger plus facilement. La nature comme remède à tous nos problèmes ? Un effet relaxant lui est attribué permettant de calmer toutes les tensions que le corps accumule notamment en ville. Effets réels ou psychologiques ? La verdure pour rendre l'Homme plus serein est rendre sa relation à l'autre plus harmonieuse : la vie citadine pourrait elle être synonyme du bien vivre ensemble ? Si l'Homme se sent toujours mieux dans un espace reverdit, ne serait ce pas parce que la nature humanise les lieux ? Dans un espace où tout n'est que béton, il n'y a pas de vie : l'espace est sans âme, mort. En revanche, un espace qui possède de la verdure est un espace qui vit, qui a une âme et dans lequel l'Homme se sent bien. L'Homme est alors en capcité de réfléchir mais également de laisser libre court à son imagination. La nature, œuvre d'art par essence, est une source d'inspiration inépuisable. L'homme se retrouve en tête en tête avec lui-même et il redevient lui-même, se retrouve. Or si l'Homme est en accord avec lui-même, ce sont toutes les relations qu'il entretient avec ce qui l'entoure qui s'en ressentiront. La vie quotidienne des citadins pourrait en être chamboulée : moins de nervosité, de stress... pourraient rendre l'urbain plus social. En effet, avec les multiples modernisations que connaît notre société depuis quelques décennies, l'Homme devient plus sauvage, plus solitaire, plus individualiste : le chacun pour soi devient une règle. Chacun défend son propre intérêt et ne semble plus se préoccuper des problèmes dont pourrait souffrir son pair. La réincorporation de la nature en ville pourrait changer la donne et rendre la vie citadine meilleure. La nature est également vue comme de « antivirtuel par excellence » selon Chris Younès. La nature comme moyen de revenir à l'essentiel, de se ressourcer. La nature est concrête : elle fait appel à tous nos sens qu'il s'agisse du toucher, de l'odorat, de l'ouïe ou de la vue. La nature nous invite au partage et à la rencontre. Le virtuel, monde dans lequel nous entrons de plus en plus, nous renferme, nous rend dépendant, nous isole de tout. L'écran se déclinant sous une multitude d'objets, devient ce à quoi nous attachons le plus d'importance et nous fait oublier l'essenciel, ce sans quoi nous ne pourrions pas vivre. Il détruit toute forme de vie en société et rend l'Homme encore plus individualiste.

 

     Cependant, face à tous ces effets positifs qui sont prêtés au fait de reverdir la ville, nous nous devons que nous demander si tout cela n'est finalement pas artificiel. L'Homme, après avoir détruit son environnement pour créer des villes de toute pièce et qui ne cessent de s'agrandir, souhaite maintenant réincorporer la nature là où elle était présente auparavant. Cherchant en quelque sorte à réparer les erreurs du passé, il tente de recréer à sa manière une nature. Mais cette nature, est une nature domestiquée : elle doit être la plus esthétique possible. Ainsi, les arbustes prennent des formes de plus en plus loufoques telles que des vaches sur un rond-point à Issoire (voir image ci-dessous). « D'un être dans la nature, l'Homme est devenu un Homme sur la nature » selon les termes de François Ewald, professeur au CNAM. La verdure subit les contraintes que lui inflige l'Homme, elle ne peut se développer comme elle le ferait naturellement. Ce n'est pas la ville qui doit s'adapter à la nature, mais bien la nature qui doit se plier aux contraintes de la ville. Cela n'est-il pas contradictoire ? L'Homme cherche toujours à tout maîtriser, mais cette nature qu'il tente de réintroduire dans son espace de vie, peut-on encore la qualifier de nature ? Elle est tellement façonnée, travaillée... que finallement elle est devenue une œuvre humaine : un artefact. Si artefact et nature semblaient deux notions totalement contraires auparavant, à l'heure actuelle, elles sont étroitement liées et se mélangent même. On peut même dire qu'au delà d'être une œuvre humaine, elle est devenue un véritable outil. L'Homme se sert de la nature comme il se servirait d'un médicament, afin de soigner les maux de la vie, mais il devient aussi un objet politique. Qu'il s'agisse d'une commune ou de l'Etat entier, être fervant défenseur de l'environnement ne peut être que favorable pour les élections futures. La préservation de l'environnement, une marque de fabrique qui n'est toujours représentative des convictions personnelles de ceux qui la promouvoient.

 

vaches

     En conclusion, il est très difficile de définir un statut de la nature par rapport à l'Homme aujourd'hui : Un lieu de vit ? Une poche d'air ? Une mère nourricière ? Ou bien : Un outil ? Une invention humaine ? Ce qui est certain, c'est que la réincorporation de la nature fait débat ; et même si toujours plus de citadins semblent convaincus par le concept. Cela est en parti dû à une prise de conscience collective dont le principe est que nous recevons un monde tel qu'il est et que notre rôle est de le transmettre à notre descendance dans les meilleures conditions, d'où la célebre phrase de Saint-Exupéry « Nous n'héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l'empruntons à nos enfants ». Ce principe, qui n'est pourtant pas récent, prend toute sa dimension dans notre société actuelle. Cependant, la nature sauvage que nous avons perdu par l'urbanisation est définitivement perdue et sa reconquête est inéluctablement vaine.

 

Pour aller plus loin :

Livre à consulter

 

Sources

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Commentaires
Ville ou Nature : qui envahit qui ?
  • La ville ne cesse de s'étaler, au détriment de la nature. Paradoxalement, la ville cherche de plus en plus à préserver l'environnement : plus d'espaces verts, moins de pollution... De ces relations complexes naissent des projets comme celui des écovilles.
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